Dans un précédent article "Des mots sur les maux: l'anxiété et la dépression chez les enseignants", je parlais de ces maux dont souffrent bon nombre d'enseignants. Pour faire suite à celui-ci, il m'apparaissait évident qu'il fallait trouver des pistes de solution afin de contrer ces maladies qui affectent trop d'entre nous. Mais avant, une petite infographie sur la santé mentale réalisée par l'Agence de santé publique du Canada afin de séparer le mythe de la réalité.
Revenons aux pistes de solutions. J'ai tenté de me documenter par des lectures, mais aussi des échanges avec des collègues de divers milieux. J'étais curieuse. Qu'est-ce que l'on avait mis en place dans nos établissements scolaires pour mieux comprendre, soutenir et outiller les enseignants au prise avec l'anxiété et la dépression?
Chacun doit faire sa part pour atténuer les troubles de santé mentale et mettre en place des gestes concrets pour y remédier.
Vous trouverez peut-être ces suggestions parfois utopiques, parfois simplistes, mais il reste que de petits gestes peuvent parfois faire toute la différence. Pour les énumérer, je me suis basée sur mon vécu, celui de mes nombreux collègues, ceux d'autres intervenants dans le métier et aussi sur des recherches tenues au Québec auprès de membres de notre profession.
- Consulter les enseignants sur la vision pédagogique et les modalités d'application du programme
Rien de mieux que les enseignants eux-mêmes pour approfondir les discussions et voir la pédagogie avec d'autres yeux que ceux des chiffres.
- Les laisser participer aux prises de décisions
Discuter est une chose, mais décider en est une autre. Essayons d'être démocratique dans notre façon d'appliquer les changements. Sondages, comités de discussion, votes dans les CS: il existe des manières diversifiées d'impliquer les principaux concernés. Il y a aussi moins de frustrations si nous sommes ceux qui avons choisi... N'oublions pas que chaque décision au Québec a un impact majeur sur 2728 établissements d'enseignements, plus de 75 000 enseignants du primaire et du secondaire et près de 865 000 élèves du secteur jeune.
- Faire des bilans auprès des enseignants avant d'effectuer des changements rapides dans les programmes ou les méthodes.
Comment peut-on mettre de côté des programmes ou des méthodes si elles n'ont même pas le temps de faire leurs preuves? Pour bien suivre l'évolution et l'implantation de ceux-ci, un minimum de 3 à 4 ans est nécessaire. Souvent, les divers gouvernements effectuent des modifications majeures sans bilan, statistiques, enquêtes ou preuves factuelles à l'appui.
- Établir un système de communication adéquat avec les enseignants
Pourquoi sommes-nous toujours les derniers au courant? Les médias s'emparent des nouvelles du milieu de l'éducation plus rapidement que les enseignants. Le ministère leur parle à eux. C'est notre quotidien qui est concerné et on ne nous informe même pas au préalable. Et on dit qu'on nous prend en considération... Difficile d'y croire quand la base même de la communication est déficiente.
- Offrir une stabilité dans le programme et une vision pédagogique à long terme
Mettre tant d'efforts dans l'implantation d'une pédagogie ou d'un programme quand celui-ci est incertain au gré des élections et des ministres en siège est démotivant. Les profs sont remplis de bonne volonté et ne veulent que le meilleur pour leurs élèves. Mais travailler et avoir l'impression de donner des coups d'épée dans l'eau est le pire sentiment qui soit. Des heures investies en vain et des changements soudains donnent un désengagement et une perte de confiance en le système: voilà le résultat.
- Diminuer les ratios de classe
Quoi dire de plus? Il y a un maximum qu'un prof peut donner. Une diminution d'élèves en classe ne peut qu'être bénéfique pour les élèves et l'enseignant. Cela offre plus de temps de qualité avec chacun, une différenciation des apprentissages et un contact plus humain nécessaire avec nos élèves. C'est loin d'être un caprice d'enseignant, mais plus une question de chiffres encore une fois.
- Faire de l'éducation une priorité et le démontrer concrètement
À quand une société qui valorisera l'éducation et prendra des démarches concrètes pour en faire sa priorité? D'autres pays ont fait des percées incroyables en pédagogie et ont un système fonctionnel et même enviable. Au lieu de multiplier les recherches pour prouver que les enseignants du Qc sont sur le bord du burn-out, pourquoi ne pas regarder attentivement ce qui se fait ailleurs pour s'en inspirer et modifier nos schèmes de pensée? Parfois, un petit coup d'oeil à l'école ou à la CS d'à côté peut se montrer inspirant!
- Former une équipe ministérielle constituée d'anciens enseignants et de gens du métier pour avoir une vision juste et réelle de la situation.
Je me verrais mal discuter de l'implantation d'une loi sur la santé ou un d'un nouveau programme dans les hôpitaux. Je suis enseignante, pas médecin. Comment cela se fait-il que pour être ministre de l'éducation ou hauts-placés de ce secteur une formation en éducation ne soit pas un pré-requis? La question vaut la peine d'être posée.
- Consulter les enseignants
Au même titre que le ministère de l'éducation, les CS devraient mettre sur pied des comités de consultation formés de profs d'expérience pour bénéficier de leurs compétences.
- Laisser les enseignants participer aux prises de décisions
Tout comme pour le ministère de l'éducation, sonder les profs peut s'avérer profitable. On adhère plus facilement à ce que l'on a approuvé ou du moins été consulté.
- Faire des bilans auprès des enseignants avant d'effectuer des changements rapides dans les programmes ou les méthodes
- Établir un système de communication adéquat et efficace avec les enseignants pour le partage des ressources des différents services
- Maintenir les locaux et établissements propres et sécuritaires
Étonnamment, l'entretien des lieux de travail est une source de stress potentiel et influence grandement l'humeur selon ce que j'ai lu.
- Fournir les ressources matérielles et professionnelles nécessaires aux écoles
Dans un monde idéal, cette demande serait toujours assouvie bien sûr. On comprend qu'il y ait des coupures et des restrictions, mais certaines dépenses exécutées par des CS nous amènent à nous questionner sur le bien-fondé de celles-ci quand on peine à avoir des ressources matérielles et professionnelles pour nos propres élèves. Levez la main les profs qui ont dépensé des sous de leur poche pour équiper leur classe... C'est ce que je pensais... Je ne suis pas toute seule alors! À la blague, on dit même que l'enseignement est le seul métier où on vole à la maison pour amener au travail :) Un crédit d'impôt au fédéral nous permettrait dès cette année de déduire une partie de nos dépenses...qui n'auraient pas dû être dépensées :)
- Mettre en place un programme pour déstigmatiser les troubles mentaux au sein des employés
Les troubles de la santé mentale, ça peut toucher tout le monde. Oui, oui, même les plus travaillants, les plus forts et les plus compétents. Il faudrait mettre de côté les mythes qui rendre parfois encore plus ardu le retour dans le milieu de travail que le départ. Rien de pire que des chuchotements dans le corridor ou des regards de pitié lancés ici et là. À quand la compassion et l'empathie plutôt que le jugement et le rejet. En connaissant mieux la maladie mentale, on aura tous les moyens de prévenir, d'intervenir auprès d'un collègue et de comprendre même si on a la chance de n'avoir jamais eu à vivre une telle situation nous-même.
- Se montrer proactif et tenter de dépister la dépression auprès des employés en formant les directions d'école sur le sujet
Sans dire que nos employeurs ont l'obligation de découvrir les états d'âme de chacun de leurs employés, je crois sincèrement qu'il y a moyen d'avoir les yeux plus ouverts et de gérer les équipes avec plus d'humanité. Pour les directions, ce n'est pas toujours évident de rester connecté à son équipe-école. Les tâches sont nombreuses et la pression qui en découle aussi. Toutefois, il est primordial que nos patrons soient formés encore plus que nous ne pourrions l'être, car ils sont des acteurs de première ligne dans la lutte contre l'anxiété et la dépression. En plus d'être des soutiens immédiats, il est à préciser qu'ils sont très souvent liés à ces troubles de la santé mentale, leur rôle et la façon dont ils exercent leur leadership étant un des facteurs majeurs d'anxiété et de dépression chez les enseignants tel que spécifié dans de nombreuses études.
- Publiciser les services d'aide présents dans la CS pour soutenir les enseignants
Par chance, des CS mettent en place de beaux programmes pour venir en aide à leurs employés. Malheureusement, leur diffusion et leur publication ne sont pas toujours efficaces, fréquentes et pas assez présentes visuellement. Pour se sentir soutenus, les enseignants ont besoin d'avoir l'information à portée de main et de sentir que son accès est simple et rapide. Il faut des publicités chocs qui amènent l'enseignant au prise avec des troubles de santé mentale à se questionner, à ne pas rester seul avec ses problèmes, à voir que l'on a à coeur son bien-être en tant qu'employeur.
- Assurer une insertion professionnelle harmonieuse aux nouveaux enseignants
J'ai eu la chance d'expérimenter à titre de formatrice et d'agente le programme d'insertion professionnel de la Commission scolaire Marguerite-Bourgeois. Ce programme consiste à mettre en place un accompagnement des nouveaux enseignants (2 ans et moins d'expérience) sous forme de pairage avec un collègue d'expérience dans leur milieu de travail. Une tâche qui me fut confiée dans mon école et que j'ai pris à coeur. J'aurais bien aimé pouvoir profiter d'un tel service en début de carrière. Il est certain qu'on s'entraide tous dans une école, mais d'avoir quelqu'un de volontaire qui s'est désigné pour nous aider enlève la barrière du "elle-doit-me-trouver-gossante-avec-mes-questions" :)
Toutes les écoles ont un code de conduite, mais est-il clair pour tous? Quand il faut en rediscuter à chaque assemblée générale ou que les interventions sont décousues et inconstantes, il serait temps de se pencher sur la réelle efficacité de nos méthodes.
- Organiser un plan de lutte contre l'intimidation et la violence à l'école
La violence est l'un des facteurs qui affectent beaucoup la santé mentale des enseignants. On en a grandement parlé dans les journaux au cours des dernières années. L'école où j'enseignais avait établi un plan d'action composé de sondages auprès des parents, des élèves et du personnel de l'école quant à la place de la violence dans l'établissement et le sentiment de sécurité que nous éprouvions dans notre milieu de travail. Ce sondage ensuite interprété, il a été présenté à l'équipe-école et au CE. Par la suite, des activités de lutte contre la violence ont été mises en place (ateliers, anges-gardiens dans la cour, modification du code de conduite...). J'imagine que de nombreuses choses ont bougé dans vos écoles, du moins je l'espère!
- Les laisser participer aux prises de décisions
Imposer des décisions entraînent le refus d'engagement, la frustration et parfois même une révolte. Se questionner sur comment sera perçue la mise en place des projets par les enseignants ou de faire valoir ses idées en prenant en compte le profil de son équipe et de son vécu sont des gestes qui démontrent un réel souci de son équipe-école.
- Faire des bilans auprès des enseignants avant d'effectuer des changements
d'organisation ou de procédures
On ne relègue pas aux oubliettes un projet sans y avoir posé un regard quantitatif et qualitatif. On doit donner le temps pour en démontrer l'efficacité ou non et respecter les choix des membres des comités concepteurs qui y ont mis plusieurs heures.
- Valoriser les réussites et les interventions des employés
Sous prétexte que cela susciterait des jalousies, plusieurs directions ne soulignent pas les succès de leurs employés du tout. Pourtant,de petits commentaires pourraient être faits par écrit ou de vive voix, tout simplement. Pas besoin de tambours et de trompettes! Une petite tape dans le dos fait tellement de bien. Il n'y pas que les enfants qui aiment les rétroactions positives, les enseignants aussi!
- Ne pas infantiliser ses interventions
Considérer les enseignants comme des adultes professionnels, compétents et formés devraient aller de soi...
- Reconnaître les compétences des enseignants de son équipe
Les membres de l'équipe-école peuvent tant apporter à leur direction. Certains sont là depuis longtemps et ont exercé plusieurs rôles dans les comités, d'autres sont des pros de l'informatique tandis que des collègues excellent en d'autres domaines. Les connaître et reconnaître leurs forces peut être utile pour la direction et valorisant pour le personnel.
- Privilégier le mentorat auprès des nouveaux enseignants dans l'école
Pour intégrer un nouveau collègue et lui faciliter son insertion dans l'équipe, il est favorable de le jumeler avec un enseignant de son cycle par exemple.
- Établir une politique de communication claire et efficace
Quelle est la procédure pour assurer un suivi de plan d'intervention? Comment communiquer avec la direction pour obtenir une réponse le plus facilement possible? Il faut être clair et constant dans notre façon de gérer les communications avec notre équipe pour éviter les malentendus et les conflits inutiles.
- Offrir du soutien à son personnel face aux parents, aux intervenants et aux élèves
Je crois que le plus difficile pour un enseignant est de ne pas se sentir épaulé par la direction lors de conflits ou de discussions plus tendues avec un parent par exemple. On doit sentir qu'elle a confiance en nous et qu'elle nous supporte contre vents et marées. Sinon, qui le fera?
- Croire au potentiel et au professionnalisme de ses employés
Personne n'est parfait et les enseignants n'y font pas exception... On semble parfois l'oublier. Chaque professeur a ses talents et ses bêtes noires. Une enseignante d'expérience n'est peut-être pas ferrée en informatique, mais elle maîtrise la grammaire et la gestion de sa classe. Une jeune enseignante s'investit peut-être dans de grands projets, mais peine à survoler tout son programme. Une autre éprouve peut-être des difficultés avec sa gestion de classe, mais est une ressource créative dans les comités.
Tous les employés peuvent s'améliorer et le veulent majoritairement. La direction doit les guider dans leur formation continue pour travailler leurs faiblesses et miser sur leur potentiel positif. Un enseignant parfait, ça n'existe pas! On m'a déjà dit de m'entourer des gens qui ont les forces de mes faiblesses. Sage conseil!
- Favoriser l'autonomie des enseignants
Inutile de tout contrôler. Il ne faut pas s'inquiéter. J'ai rarement vu un prof avoir du temps libre et se tourner les pouces personnellement. Quant à moi, je trouve toujours du boulot à faire et je suis certaine qu'il en est de même pour vous.
- Respecter la confidentialité
Ce qui est dit dans un courriel ou de vive voix à notre direction nous concernant doit rester confidentiel. Le lien de confiance est anéanti quand on se rencontre que nos discussions se sont retrouvées dans les corridors ou pire, à la salle des profs...
- Faire preuve de sensibilité et de compassion face au travail des enseignants
Éviter d'amenuir la situation d'un employé ou de le comparer à celui d'un autre. Que se soit en maternelle ou au secondaire, en éducation physique ou en français, en classe d'accueil ou au régulier, si un enseignant partage un moment de faiblesse ou doute avec sa direction, il a besoin de se sentir rassuré, accepté avec sa vulnérabilité et être soutenu par elle.
- Gérer les ressources de façon équitable et juste
Pas évident, je l'admets, mais le partage équitable des ressources professionnelles ou matérielles selon les niveaux et les cycles doit se faire le plus souvent de façon équitable pour ne pas sentir de favoritisme ou de manque de considération de la direction.
- Assurer un leadership positif et ouvert
Un patron rassembleur qui sait diriger ses troupes avec ce qu'il faut d'humour pour dédramatiser, d'ouverture pour écouter son équipe et d'énergie pour motiver serait l'idéal! Mais on comprend très bien qu'il n'y pas plus de direction parfaite que d'enseignant parfait :) On essaie tous de faire de notre mieux.
- Écouter sans juger
Une remarque blessante, un jugement trop vite porté ou une perception erronée amènent l'enseignant en proie avec le stress à se refermer sur soi. Parfois, il suffit d'écouter sans même parler pour aider un collègue anxieux.
- Mettre l'enseignant en confiance et se montrer empathique
Si notre collègue qui revient de son congé maladie se sent un peu déboussolé ou insécure, on peut proposer qu'il vienne discuter quelques fois en fin de journée avec nous pour voir comment sa journée s'est passée ou bien lui offrir du soutien pour la planification de certaines activités le temps qu'il se remette dans le bain. Un retour au travail par l'employeur ne veut pas dire que l'enseignant est remis 100% la majorité du temps... Il peut avoir encore à gérer des crises d'anxiété qui surviennent sans qu'il ne s'y attende ou avoir une attention moins soutenue.
- Proposer des méthodes d'enseignement diverses à notre collègue
Pour alléger la tâche d'un collègue de niveau, on peut mettre en place du team teaching pendant un certain temps, partager les planifications des matières scolaires, ou décloisonner les classes par exemple.
- Fournir en tant que collègue une rétroaction face au travail fourni pour sécuriser l'enseignant
- Encourager pour solidifier la confiance en soi
- Faire confiance à l'enseignant de leur enfant dans ses interventions, son
professionnalisme et sa compétence
- S'adresser à lui avec respect, calme et politesse à l'oral comme à l'écrit
- Communiquer avec lui s'ils ont des questions pour éviter les malentendus
- Lui faire part de leur satisfaction quand à son travail quand cela se présente
- Travailler en équipe avec l'enseignant et lui fournir leur support face à l'éducation de leur enfant
- Parler en positif de l'école et valoriser la profession
- Se montrer patient et compréhensif
Pas facile de soutenir un être cher qui souffre de troubles de santé mentale. Les journées se suivent et ne se ressemblent pas, mais un appui indéfectible sera réconfortant et rassurant même si vous avez parfois l'impression d'être peu utile.
- Nous encourager à exprimer nos sentiments
On garde souvent nos émotions pour nous et on ne veut pas ennuyer notre entourage avec nos états d'âme et nos difficultés au travail. S'exprimer librement n'est pas donné à tout le monde, mais il faut faire un effort pour verbaliser nos émotions et nos attentes, même si c'est difficile. Vous verrez, ça soulage de mettre des mots sur les maux :)
- Exprimer leurs inquiétudes
Nos proches s'inquiètent pour nous. Il est important de leur laisser la parole et d'être nous aussi à leur écoute. Ils veulent être rassurer et certains que leurs efforts pour nous aider portent fruits. Remerciez-les pour leur support et leur amour.
- Offrir de l'aide afin de nous soulager de certaines tâches quotidiennes
On implique nos enfants dans les tâches ménagères. On délègue à notre conjoint des corvées qui nous revenaient. On établit tous ensemble un plan de match pour nous permettre de diminuer notre stress quotidien.
- Respecter notre rythme
- Apprendre à se laisser aider
Notre profession nous demande un don constant de soi. Il est temps d'inverser les rôles. Écouter vos collègues et vos proches qui s'inquiètent pour vous. Ils sont souvent le
meilleur miroir de nous-même. On fait la sourde oreille? On met son orgueil de côté et
on se questionne au moins sur le bien-fondé de leurs inquiétudes avant de les rejeter du revers de la main.
- Consulter un psychologue formé en thérapie cognitivo-comportementale (TCC)
Il peut nous faire voir notre situation sur un autre angle et faire avancer nos réflexions.
- Prendre rendez-vous avec notre médecin de famille pour discuter de la situation
Le médecin vous accompagnera dans votre cheminement. La prise de médication n'est pas toujours nécessaire. Il est le mieux placer pour vous conseiller et vous accompagner.
- Diminuer notre charge de travail
Je me pose toujours une question quand je me sens débordée: qui s'en rendra vraiment compte si je ne le fais pas? Souvent, la réponse est moi... Nos exigences sont souvent
élevées et dépassent largement ce que l'on attend de nous. Il faut apprendre à délaisser des projets, à moins s'impliquer dans TOUS les comités, à réduire nos corrections (les enfants ont fait des apprentissages tout de même!). Il faut se faire violence et lutter contre nous-même. Les autres se débrouilleront très bien sans nous. Nous ne sommes pas
irremplaçables.
On peut travailler à temps partagé si notre employeur nous le permet, préparer des planifications en alternance avec une collègue de même niveau, effectuer les corrections en grand groupe, favoriser l'autocorrection, plus responsabiliser nos élèves, ajuster l'examen à la matière vue et non l'inverse, se donner le temps nécessaire pour aborder les notions à voir. Il y a moyen de faire moins et aussi bien!
- Se bâtir un réseau de soutien social de confiance
Pour obtenir des conseils, de l'aide ou du réconfort, il est important d'avoir des gens en
qui on a confiance à la maison et au travail. Il existe des groupes de soutien pour partager votre situation avec d'autres qui vivent la même chose. Là-bas, pas de jugement.
- S'obliger à prendre des pauses durant la journée et la semaine.
Les récréations se déroulent à une vitesse folle, mais il faut s'accorder du temps. Même
chose pour l'heure du dîner. Les surcharger de réunions n'est pas gagnant. On est
alors épuisé et moins fonctionnel. Et si on disait parfois non? Simplement, non. "Je ne
suis pas disponible ce midi pour une réunion." Ce n'est pas faux. Vous avez rendez-vous
avec vous-même. J'ai vu des collègues prendre des marches. D'autres s'enfermer dans
leur classe pour lire une revue. Pour ma part, je sortais pique-niquer seule quand le
temps le permettait. On fait la même chose à la maison, quitte à planifier avec son
conjoint un temps précis dans la semaine qui nous sera consacré.
- Faire de l'activité physique à chaque jour
Pas besoin de s'inscrire dans un gym! Marcher, danser, jouer au ballon avec les
enfants... L'important, c'est de bouger au moins un peu et d'intégrer cette routine petit à
petit. J'ajouterais même que de sortir à l'extérieur prendre une bonne bouffée d'air est
bénéfique en soi! (Je suis de la génération qui se faisait mettre à la porte par leur mère pour profiter de dehors!)
- Apprendre à lâcher prise
La crise d'anxiété est passagère même si elle est terrorisante. On ne peut pas vraiment la contrôler, mais l'accepter. Il faut aussi dire adieu à la perfection qui n'est malheureusement pas de ce monde. On délègue que ce soit au travail ou à la maison. Bien sûr, ce ne sera pas fait comme nous on l'aurait fait, mais lâcher prise à un prix. Ce serait fait... différemment. :)
Ménage, lavage, repas respectant les groupes alimentaires canadiens: c'est ce que vous devez mettre de côté l'espace d'une soirée s'il le faut pour reprendre vos esprits et votre souffle. Qui le saura? Personne d'autre que vous! Priorisez vos tâches d'important à "personne en souffrira".
- Se doter de stratégies efficaces pour nous relaxer
Certains sont des fervents du yoga et de coloriages de mandalas, d'autres des techniques de respiration, de cohérence cardiaque et de méditation pleine conscience. Pour ma part,
un bon bain chaud, un massage, une tisane et un bon roman ou une revue me relaxent au plus haut point. Écouter de la musique à tue-tête dans ma voiture sur le trajet du travail exorcise mes frustrations. Un bon défoulement! Bref, il faut trouver ce qui vous fait du bien.
- Se faire plaisir au moins une fois par jour
Une gâterie sucrée, un temps seule, un bon thé chaud à déguster à la récréation, une
promenade en amoureux le soir à la maison, un cornet au Chocolat Favori sans les
enfants (je suis une mère indigne, je sais...), un stylo spécial pour agrémenter ma
correction, une location de film en pleine semaine, un bouquet de fleurs, un popcorn en regardant la télé... Pas besoin d'une occasion spéciale. Créez-la! Vous le méritez bien après votre journée de travail. On se rend compte petit à petit qu'on aime savourer ce moment et qu'on ne pourrait plus s'en passer!
- Changer d'environnement
Cela peut paraître drastique, mais quand on ne peut contrôler une situation ou changer
des gens ou des mentalités, on peut au moins changer de milieu de travail. On a le
pouvoir là-dessus. Quoique stressant au début, cela peut s'avérer libérateur et stimulant. Voilà un nouveau défi qui nous permet de nous renouveler et de partir sur des bases neuves.
- Se questionner sur nos attentes
Il faut apprendre à se connaître soi-même et effectuer un temps d'arrêt pour découvrir nos véritables aspirations personnelles et professionnelles.
Posez-vous les questions suivantes et répondez-y sur papier:
* Quel serait pour moi un emploi de rêve?
* Quelles sont les meilleures conditions pour que je fournisse des résultats optimaux?
* Quelles sont mes forces et mes faiblesses?
* Quelles sont mes valeurs en ordre de priorité?
* À quel moment suis-je au meilleur de ma forme dans une journée?
* Puis-je mettre de côté certaines tâches ou les distribuer autrement ou à d'autres?
Quand on a fait le tour de ces interrogations, on a un portrait général de notre situation et on peut mieux effectuer nos choix de vie. Il y a des éléments qu'on contrôle? On les modifie pour qu'ils nous conviennent et respectent notre rythme. Des éléments sont hors de notre contrôle? Doit-on vraiment les subir? Peut-on les ignorer? Est-ce possible de simplement les rayer de notre vie?
Cette partie demande une grande introspection. Il est bon de partager nos réflexions
avec des personnes en qui on a confiance et qui seront de bonne écoute et de bon
conseil. Cela nous permet d'avoir un opinion externe et parfois arbitraire, surtout si on en discute avec notre psychologue ou notre médecin.
Vous vous demandez peut-être qui je suis pour parler ainsi d'anxiété et de dépression. Une psychologue? Non. Une étudiante au doctorat? Non. Un médecin? Non. Je suis enseignante au primaire. Simplement. Juste ça. Mais une enseignante qui sait ce que c'est pour être passée par là, pour en avoir vu d'autres le faire et pour craindre que de nouvelles tombent elles aussi.
Des propositions, il y en a sûrement d'autres. J'y suis allée de ma vision des choses et de mon expérience. Celles énumérées sont-elles irréalisables? Si on ne les formule pas, personne ne peut les entendre et faire avancer les choses.
L'anxiété et la dépression en milieu de travail est l'affaire de tous comme vous avez pu le constater. On a tous une part de responsabilité dans le processus de guérison de la santé mentale, mais surtout dans sa prévention. En changeant nos perceptions, nos actions et notre implication, il est impensable qu'on ne puisse pas réduire cette souffrance tous ensemble.
J'espère que cet article fera le tour du web et atteindra les principaux concernés (Ministère, CS et directions). On n'est jamais à court de conseils et de suggestions, non? :) Partagez en grand nombre pour le bien de vos collègues ou de vos proches en éducation qui se battent pour leur santé mentale!
Je vous laisse avec ces images qui parlent d'elles-mêmes.
(Wow! Un site qui traite du sujet spécialement pour les hommes!)
Mouvement santé mentale Qc (un site génial rempli de ressources pour les gestionnaires aussi)
Avant de craquer
Guide à l'intention des membres de l'entourage d'une personne atteinte de maladie mentale
La dépression fait mal (site web avec ressources)
Détresse psychologique dans l'enseignement primaire, secondaire et collégial au Québec (Olivier, Bagilishya, 2007)
Institut universitaire en santé mentale Douglas
Le burn-out
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