Suppléance
de 2 jours, classe de 5e année.
Le téléphone
sonne. On m’offre une suppléance de deux
jours dans une classe de 5e année.
Toute fraîche sortie de l’Université, je suis heureuse de pouvoir me
faire de l’expérience. J’accepte avec
enthousiasme. Jeudi matin arrive. Dès mon arrivée à l’école, la secrétaire me
souhaite une bonne journée et… bon courage. Bon… courage ? Même chose du
prof d’éducation physique que je croise dans le corridor et qui m’aide à me
diriger vers mon local. Je comprends que
l’enseignante est en arrêt pour quelques jours, épuisée par la dure année
qu’elle vit auprès de ces élèves turbulents.
Pleine de
positivisme, je me dis que cela se passera bien et j’ai hâte que la cloche
sonne pour commencer ma journée. Avec une main de fer, je débute les cours et
me rends jusqu’à la récréation sans trop d’anicroches. Je me montre ferme et mon autorité semble
bien installée… jusqu’en après-midi.
N’ayant pas complété tous les travaux demandés dans la planification de
l’enseignante dû à leur bavardage, je garde 4 élèves en classe à la récréation.
La scène que je
vais vous décrire semble tirée d’un film. En fait, je me tenais dans le cadre
de porte de la classe telle une observatrice derrière son écran de télé, ne
sachant pas si je devais en rire ou en pleurer. Devant mes yeux, j’ai vu de
quoi des enfants pouvaient être capables ! Je ne savais pas si je devais
féliciter leur imagination pour tourner un prof en bourrique ou m’en désoler.
Ne voulant pas
terminer leurs travaux, deux élèves sont montés sur leur pupitre en
scandant : « So-so-so, solidarité ! ». Au tableau, une
de leur camarade s’était emparée d’une craie et remplissait frénétiquement le
tableau vert d’un slogan choc : « Joyce la parfaite. » Mais c’est quand j’ai vu le 4e élève subtilement ouvrir la porte du garde-robe de classe et s’y enfermer que les deux bras me sont tombés… Il s’était embarré et je n’avais évidemment pas la clé. En une petite-minuscule-microscopique
minute, tout avait basculé. Je ne
l’avais pas vu venir celle-là. Et vous ?
J’ai eu le goût
de prendre mes cliques et mes claques en laissant un post-it pour le concierge sur
la porte du garde-robe avec comme mention « À ouvrir à vos
risques ».
Je l'avoue: j'ai eu le goût de leur
refiler une toute petite claque derrière
la tête (sauf pour le prisonnier du garde-robe que j’aurais laissé là…).
Je l'admets: j’ai
eu une folle envie de courir à toutes jambes vers ma voiture, espérant démarrer
assez rapidement pour que personne ne puisse me retenir dans cette classe…
Mais non. Calmement, sans paniquer, j’ai fait appel à la
secrétaire par l’intercom lui demandant de faire venir le concierge. Vous auriez dû l’entendre lorsqu’elle m’a
demandé pour quelle raison ce dernier était appelé. « Euh… pour libérer un
élève du garde-robe… ». Quelle
blague !
À la fin de
cette journée, j’étais totalement épuisée, mais les 4 fautifs avaient fait le
travail demandé. En plus, je savais que j’y retournais… le lendemain.
Rappelez-vous, j’avais accepté deux jours de suppléance. La belle
affaire !
N’ayant qu’une
parole, j’y suis allée. Les 4 rebelles filaient définitivement plus doux que la
veille. Mes deux jours finalisés, j’étais fière de moi. Mission accomplie! J’avais
su gérer la situation avec calme et professionnalisme. Vivement le weekend pour
me remettre de ces deux jours de suppléance!
Comme je compatissais avec la titulaire…
Même lors d’une suppléance, avoir l’attitude d’un titulaire. Se poser la question : et si j’avais à revenir dans ce groupe ou dans cette école, comment est-ce que je voudrais être perçue par les élèves et les collègues ? Professionnalisme, calme et rigueur sont de mise en tout temps.
Au
cours de la fin de semaine, j’ai reçu un appel de la directrice de
l’école. Elle avait aimé ma façon
d’intervenir et me demandait de retourner faire de la suppléance lundi et mardi
dans la même classe. Je l'avoue: j'ai refusé… Je ne
suis pas masochiste quand même !
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